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Interview

Florence Fradelizi et David Dibilio sont les coordinateurs du 7e Festival de films gays et lesbiens de Paris, qui aura lieu du 4 au 9 décembre...

Propos recueillis par Olivier Monnot,
Rédacteur en chef de Gay.com



Comment est né le Festival ?

David : En 1994, toutes les grandes villes avaient leur festival de films gays et lesbiens, sauf Paris. L'idée est donc venue de la créer, avec deux objectifs : permettre une meilleure visibilité des gays et lesbiennes, qui étaient très peu présents dans les média, et une présence bien plus forte des films gays et lesbiens dans les circuit de distribution au cinéma.

Florence : Les festivals de films gays et lesbiens existant à l'époque étaient très anglo-saxons et passaient peu de films européens. Le festival de Paris a été créé à une période où les homos étaient montrés du doigt à cause du SIDA. Le festival voulait montrer une autre image des gays et lesbiennes et d'éviter les clichés homo = SIDA, tout en montrant aussi des films sur le sujet.

Florence et David
Comment a été accueilli le festival à sa création ?
David : A l'époque, Florence et moi étions de simples spectateurs. Les deux premières années, c'était un événement très attendu. C'était un lieu sublime, avec quelque chose de plus et de différent par rapport aux autres festivals. On y découvrait des films qu'on ne voyait pas ailleurs.

On y découvrait des horizons insoupçonnés, avec plein de films, de plein de réalisateurs, de plein de pays. Une abondance de films qu'on n'imaginait pas. C'était assez jouissif et jubilatoire. Il y avait entre les spectateurs une espèce de communauté d'esprit et de valeurs, de regards. Il régnait au festival une atmosphère particulière.

Florence : L'atmosphère du festival n'est pas commerciale. Ce n'est pas l'atmosphère du Marais. C'était plutôt une atmosphère de jubilation, pas fashion du tout.

Comment a évolué cette atmosphère ?

Il y a forcément eu une évolution. Les films sont plus grand public parce qu'il y a de plus en plus de films sur l'homosexualité. Le festival est moins confidentiel. On fait en sorte que chacun puisse trouver son festival à l'intérieur du festival.

Dans les années 90, il y a eu une véritable visibilité des gays et lesbiennes, qui a atteint son sommet avec le PaCS. Mais on essaye de nous faire croire qu'il n'y a qu'une représentation de l'homosexualité. Le festival essaye d'en donner d'autres représentations, d'en montrer d'autres visages.

David
Le nombre de visiteurs augmente tous les ans, il y en a eu 7 000 en 1999. On a obtenu la confiance de réalisateurs et de distributeurs dont certains rechignaient auparavant à nous donner un film en avant-première. Aujourd'hui, ils pensent que c'est bénéfique pour leurs films. Nous avons 5 avant-premières cette année.

Qui sont les spectateurs ?

Cette année, on va faire pour la première fois une enquête sur le public pour mieux le connaître. Le public aime le festival parce que c'est un lieu convivial et pas trop connoté gay. Avant les filles étaient un peu absentes, maintenant elles reviennent, c'est aussi leur festival.

Le festival est clairement mixte, au niveau de l'équipe, du public et de la programmation. Et les garçons sont contents de rencontrer les filles, et vice versa.

Que diriez-vous à quelqu'un qui n'est pas habitué des festivals de cinéma, pour lui donner envie de venir ?

David : Venez à ce festival, parce qu'il y a une atmosphère. On y a l'impression d'être là où ça se passe. Il y a une petite excitation de voir un film avant les autres, on a l'impression d'être un peu privilégié.

Et puis on y voit des films qu'on ne verra nulle part ailleurs, parce que certains ne seront jamais dans les circuits de distribution traditionnels. Il y a aussi les rencontres avec les réalisateurs...

Florence

Florence : Voir un film gay ou lesbien dans une salle et dans un festival n'a rien à voir. Par exemple, j'ai vu "Priscilla, folle du désert" dans une salle de cinéma classique, et dans un festival gay et lesbien. Les rires n'étaient pas du tout les mêmes. Parfois moqueurs ou méchants dans le premier cas, jamais dans le deuxième.



-Tous droits réservés - 6 décembre 2000 -