Éditoriaux

Arielle Dombasle

Marraine de l’édition Chéries-Cheris 2014

ARIELLE_DOMBASLE©ALI-MAHDAVI_019

Je crois que c’est à travers la Grèce antique, puis en lisant Marguerite Yourcenar et ses Mémoires d’Hadrien, puis en réfléchissant à la liaison fatale et singulière entre l’Empereur et le bel Autinoüs, que j’ai compris.
Oui, il pouvait y avoir un rapport étrange, mystérieux, mais fulgurant, entre deux personnes de même sexe…
Oui, ce rapport serait soumis à l’opprobre, au désaveu communautaire, mais aussi, néanmoins, aux plus grandes et belles extases.
Oui, la douleur et le plaisir, la soumission et la liberté, pouvaient être à ce rendez-vous : éromènes et érastes, le jeu sans fin et grave de leur emprise réciproque.
Oui, il y avait là une initiation fondamentale, la source maudite et innocente, désavouée et, pourtant, pure d’une torrentielle sensualité.
Oui, cette sensualité pouvait être source de dépassement de soi, de vérités et de fulgurances, oui, elle pouvait valoir la peine d’être vécue.
Prenait forme, là, en littérature mais, désormais, dans mon imaginaire, une compagnie fragile et minoritaire, forte et vulnérable, qui vaudra la peine d’être célébrée, protégée, inscrite aussi dans le droit et placée sous la devise de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Let’s have fun guys and dolls…

Photo : Arielle Dombasle © Ali Mahdavi

 

Hervé Joseph Lebrun

Délégué général & programmateur

edito-HJLIci, c’est l’antre protégé du monde rêvé, c’est là que tu seras bien, que tu seras libre, où tu peux t’exprimer, où tu peux vivre. Nous sommes le foyer, le creuset des mots, des images et des idées, bienvenue là où les films parlent de toi, évoquent peurs et joies, disent ce que tu pourrais faire et ce que tu pourrais dire, parce que tu es belle et que tu es beau, parce que tu es unique et que tu es toi, parce que je t’aime comme tu es, pure et pur, androgyne et virile, combattante et battant, parce que tu as souffert, des maux et des mots, d’être homo et sapho, en théorie, sans genre. « L’homosexualité, c’est l’amour » dit Pierre Seel (« Paragraphe 175 »). Tu vois là-bas, les barbelés, tu vois dehors une manif pour tous. Homophobie, c’est un néologisme qui date de 1969, et avant, c’était comment, et avant-avant, c’était mieux ? De toi à moi, parce que ton empreinte est dans mon sang, ton ADN, c’est de la balle, attrape ce courage et viens nous rejoindre, viens voir les films de la double décennie avec héroïnes et héros qui montrent que tu n’es pas seule discriminée, demain sera un autre jour, quand il faudra encore de l’audace, pour affronter l’insulte et les coups. Pour le moment, viens, viens tout contre nous, te joindre à cette fête, parce que je t’ai aimée de toute ma ferveur, pour ces nuits tout contre toi, à se parler, à s’embrasser, et dans notre sueur à échanger le meilleur et même le pire. Ce que tu m’as donné, c’est dans tous les films ici, la force de les regarder, droit, de se lever et de marcher, d’être fier et généreux. C’est toi, c’est toi que je vois, là-bas dans le noir, homosexualité.

Laurent Bocahut

Président de l’association Rainbow Submarine

Porter la 20e édition du festival du film LGBT&++++ de Paris et contribuer autant à sa continuité qu’à son renouveau est à la fois une lourde responsabilité et une grande joie. Et je tiens tout d’abord à remercier toute l’équipe du festival qui m’a investi de sa confiance, ainsi que tous nos partenaires qui nous suivent cette année.

Mais il n’y aurait pas de 20e édition si les 19 précédentes n’avaient pas eu lieu. Je dédie donc cette édition à toutes celles et tous ceux qui ont contribué, d’une façon ou d’une autre, à faire que le festival perdure, depuis sa première édition en 1994 à l’American Center jusqu’à aujourd’hui dans le réseau MK2 (qui nous a ouvert grand ses portes). Nous vous devons
toutes et tous un grand merci, j’espère que cette édition sera à la hauteur de vos attentes et que vous en serez fierEs.

Et puisque le rôle du festival est avant tout celui de passeur, je tiens aussi à remercier pour la confiance qu’ils nous accordent depuis 20 ans en nous confiant leurs « bébés », les réalisatrices et les réalisateurs, leurs distributeurs et toutes les équipes qui les entourent. En nous proposant leurs films, toujours plus nombreux (800 films de tous formats et de tous genres ont été visionnés cette année), en renouvelant notre regard sur nos vies, nos identités et nos préoccupations, elles et ils contribuent à la vitalité de nos communautés et à leur place dans la cité. Leurs films et leur créativité sont des richesses inestimables.

Mais notre mission de passeur d’images n’aurait aucun sens si vous, cher public, n’étiez pas chaque année fidèle aux rendez-vous du festival, toujours plus nombreux et motivés, venant butiner (et lutiner ?) les programmes que notre équipe de programmation vous a concoctés, faisant votre miel de chacune des éditions successives. Alors pour finir c’est bien vous, cher public, que nous tenons, toute l’équipe du festival et moi-même, à remercier très chaleureusement pour votre exigence. Une exigence qui nous pousse, chaque année depuis 20 ans, à franchir tous les obstacles pour venir vous présenter une nouvelle édition.

Je me joins à toute l’équipe et à tous nos partenaires, nouveaux et anciens, pour vous souhaiter à toutes et tous une merveilleuse 20e édition de VOTRE Festival du Film LGBT&++++ de Paris — Chéries-Chéris 2014.

Cyril Legann

Programmateur

edito-CyrilIl y a 20 ans, j’étais un adolescent du même âge que François, le personnage interprété par Gaël Morel dans « Les Roseaux sauvages ». Et comme beaucoup de jeunes spectateurs de l’époque, je fus profondément marqué par le film d’André Téchiné. C’était la première fois qu’un personnage qui me ressemblait vraiment s’incarnait à l’écran. En une séance de cinéma, je me sentais moins seul, et certaines de mes interrogations les plus intimes trouvèrent sinon une réponse, au moins un écho. Il me semblait important de remettre en lumière ce film majeur pour notre édition anniversaire, et avec lui Gaël Morel, figure de proue de sa génération.

Auteur précoce, élève malgré lui d’un Téchiné passé maître, il débute une carrière de réalisateur en même temps qu’il est révélé par les « Roseaux » comme acteur. Et dès son premier court métrage « La Vie à rebours », il emmène avec lui Stéphane Rideau, son camarade à l’écran et deuxième révélation du film. Une relation transversale se noue alors devant et derrière la caméra. Les personnages se répondent, ils semblent se mêler à la vraie vie, et l’on a l’impression qu’ils communiquent devant nous par film interposé.

C’est cette relation complexe que nous allons tenter d’analyser à travers 4 films emblématiques de la carrière commune de Gaël Morel et Stéphane Rideau. D’abord objet de fantasme dans « À toute vitesse » puis grand frère dans « Le Clan », enfin « Notre paradis » questionne brillamment le statut d’ex-icône gay de Stéphane Rideau en le montrant gigolo vieillissant
et dépravé.

20 années d’une collaboration qui comprend pas moins de 6 films, l’une des plus uniques et passionnantes du cinéma français contemporain.

Mélanie Vives

Programmatrice

edito-MelanieChaque année les mêmes appréhensions :
dénichera-t-on assez de longs métrages lesbiens de qualité ?

Les spectatrices s’y retrouveront-elles toutes ?

Comment répondre à chacune de leurs attentes ?

Y’aura-t-il beaucoup d’actrices sexy dans les films ?

Alors on a concocté un cocktail éclectique et vitaminé : un road-movie d’ados qui mettent le cap sur Los Angeles, une comédie musicale de rockeuses surexcitées, l’histoire d’une complicité naissante en Slovénie, celle d’une relation perdue en Norvège, le portrait d’une bi d’origine persane, celui d’une enfant amoureuse aux Philippines…

On a aussi choisi deux icônes, deux grandes dames à qui l’on souhaite rendre un vibrant hommage. D’un côté la figure emblématique du Pulp et de la culture techno, disparue en 2002, DJ Sextoy ; et de l’autre la voix du mouvement riot grrrl, l’une des plus célèbres porte-paroles féministes, Kathleen Hanna.

Et bien sûr, qu’il y a des actrices sexy ! Un exemple ? Rose Rollins (Tasha de « The L Word ») que l’on retrouve en bad girl dans « Girltrash : All Night Long », blouson de cuir, lunettes noires et club de golf à la main, prête à mettre une raclée à tout ce qui bouge…

Bienvenue à Chéries-Chéris !