EditoS
 
Pascale Ourbih, photo © Pascal Potier/Visual
 

Pascale Ourbih

 
Présidente
 



Le Festival Chéries-Chéris fête cette année ses 18 ans. Cependant, l’âge de la majorité ne sera pas forcément celui de la raison pour les organisateurs du festival qui ont concocté un programme toujours plus innovant. Depuis dix-huit ans, le Festival international du film gay, lesbien, bi, trans et +++ (LGBTQI) de Paris défriche, avec éclectisme et curiosité, les cinématographies de ce genre, méconnues ou mal diffusées mais toujours de qualité. Jeunes talents, nouveaux territoires cinématographiques, expressions et identités culturelles les plus diverses se rencontrent à cette occasion pour consolider des liens tissés au fil des ans, tout en posant un regard sur les maîtres français et étrangers. Un hommage spécial sera rendu à l'artiste trans Farrah Diod, qui nous a quittés cette année. Pionnière des arts numériques (on lui doit notamment le générique de l’émission culte l'Oeil du cyclone, sur Canal Plus), Farrah était une figure importante de la communauté LGBT. Précurseurs sur la question du mariage homosexuel, notamment avec notre affiche de Pierre et Gilles l'an dernier, nous mettrons à nouveau en lumière, à la veille du vote de la loi sur le mariage et de la reconnaissance de l'homoparentalité, ces questions avec nos responsables politiques et des représentants du milieu associatif. Je tiens à remercier nos fidèles partenaires qui nous aident à rendre possible cette année encore ce Festival, sans oublier l’équipe des bénévoles de Chéries-Chéris (notamment ceux de l’association Contact ainsi que nos partenaires du Centre LGBT ) qui sont fièrement déterminés à combattre les préjugés et les discriminations. Enfin, je tiens aussi à vous remercier, cinéphiles chéri(e)s, et je vous souhaite à toutes et tous une magnifique édition 2012. Vive le cinéma à l'image de nos différences !
Pascale Ourbih Présidente du Festival Chéries-Chéris
Marie_Labory
 

Marie Labory

 
Journaliste
 



En visionnant les films pour cette édition Chéries-Chéris 2012, je me suis retrouvée face à une question épineuse. Question que beaucoup, dans mon entourage, m’ont posée : « Quels sont tes critères pour sélectionner un film dans la section « longs métrages lesbiens » d’un festival LGBT ? » Un film dont un des personnages est une lesbienne ? Un film dont la plupart des personnages sont des lesbiennes ?
Un film dont les personnages sont des lesbiennes réalisé par une lesbienne ? Puis-je sélectionner un film « lesbien » réalisé par un homme ? Politiquement, je pense qu’un tel festival a un rôle à jouer dans l’émergence des talents féminins et lesbiens. Mais, pour moi, Chéries-Chéris reste, avant tout, un festival de cinéma. J’ai donc décidé de ne pas me donner de grille de lecture. J’ai regardé ces films sans chercher à savoir qui les avait réalisés… Je suis d’abord partie en quête de l’émotion, cinématographique.
J’ai aussi tenté de sélectionner ceux qui m’ont semblé refléter une réalité, humaine. Ceux qui restent aujourd’hui n’utilisent pas, je crois, la thématique lesbienne pour « pimenter » leur scénario. Il me semble que dans cette sélection, l’honnêteté prime, la générosité et l’amour des personnages aussi.
Au final, je n’ai pas répondu aux questions de mes amis… Mais la sélection est là, cosmopolite, tant dans la forme que sur le fond. Vous allez donc voir des films israëliens, américains, français, allemands, népalais… Vous allez voir un film de science-fiction délirant, un Bonny and Clyde au féminin, un road-movie de vieilles dames, une comédie romantique et sexuelle Berlinoise….
A bien y regarder, je constate que l’humour est très présent dans ce cru 2012…
Peut-être une envie de tordre le cou à la morosité ambiante… Bon festival !
Hervé Joseph Lebrun
 

Hervé Joseph Lebrun

 
Délégué général
 



« À 18 ans, presque insolent de certitude… », le festival Chéries-Chéris, festival de genre LGBTQI++++, genre a priori défini par l’orientation sexuelle, l’identité de genre, la théorie queer et la déconstruction du genre, l’ambiguïté sexuelle, le « Z Chromozome », embrasse ces thèmes dans tous les films proposés et choisis. Les certitudes à 18 ans, et les convictions dans le shaker de la vie, se réorganisent. La programmation fait état de sociétés de plus en plus ouvertes et perméables, à l’inverse de ce que profèrent les conservateurs. De tous les endroits du monde, nous voyons des expressions impertinentes de nos libertés sexuelles et de genre, des films courts ou longs qui développent maintenant sans contrainte, presque, des scénarios, des histoires affranchies des jougs moraux. Il y a bien sûr encore des contrées obscures d’où rien ne perce, et pourtant certains films parlent de l’Ouganda et de la triste fin de David Kato, du Népal, de Cuba, de la place Stalingrad ou venus de la planète Zots. Mais au-delà de leurs provenances, c’est quand même ici que ça se passe, avec les débats qui animent la société française, homoparentalité, mariage, hétéronorme. Et le cinéma, dans tout ça ? Il est le vrai gagnant avec des œuvres aux écritures nouvelles, des avant-gardes éblouissantes, notre ouverture et notre clôture avec des films réalisés par des femmes, des courts métrages qui parlent de coming out, d’homophobie ou d’altérité. Entrez donc rue du Cinéma, voir ces « films en herbe », « et découvrir émerveillés un ciel superbe ».