Certes, la représentation des gays et des lesbiennes a fait une irruption remarquée dans le cinéma lors de la décénnie précédente. Des avancées juridiques significatives, comme le Pacs, ont mis la question homosexuelle au centre du débat social et politique. On parle de tolérance accrue, de visibilité. Paris est une capitale au sein de laquelle les gays et les lesbiennes bénéficient de lieux de rencontres, d'expression. Il y a les associations.

Alors pourquoi, dans ce paysage "idyllique", un festival de films gays et lesbiens ?
Tout d'abord parce que la majeure partie de films présentés au Festival ne bénéficient pas des circuits de distribution traditionnels. Près de 80% d'entre eux ne sortent pas en salle : les spécificités de la distribution, leur caractère parfois confidentiel comme leur faible potentiel commercial peuvent expliquer cette situation.

Ensuite parce qu'il n'est pas possible de se satisfaire des images et du discours disponibles dans les salles ou à la télévision. Une alternative demeure obligatoire. C'est l'écriture et le point de vue d'un auteur qui font la pertinence d'un film. Et c'est bien ce qu'essaye de privilégier le Festival : la multiplicité, la richesse et la complémentarité des discours, en proposant une programmation que l'on ne peut pas voir ailleurs.
Ne pas se cantonner au binôme gay/lesbien. S'ouvrir à la représentation et à la création des communautés transgenres, explorer le domaine de la sexualité, poursuivre une réflexion féministe ...

Tenter de balayer la diversité des modes de vie, des sexualités et des images. Coller à l'époque. L'anticiper, de préférence. Faire exister un rendez-vous où chacun peut confronter son désir, ses croyances. Un moment de partage, convivial.
Car un festival, c'est un lieu de circulation d'idées, mais surtout de personnes.

Parler d'un film, en conseiller un autre puis en débattre. Nul ne peut nier le caractère chaleureux du Festival de Films Gays et Lesbiens de Paris. Ni l'augmentation permanente de ses spectateurs (9 000 en 2001 pendant 6 jours) qui ne fait que confirmer que le Festival semble répondre à des besoins, à un désir de la part d'un public chaque année plus enthousiaste. Ce dernier élément est certainement le plus encourageant pour l'équipe organisatrice du Festival.